Ce jour-là, au cours d’une cérémonie de prise d’armes organisée au camp Léopold (actuel Camp Kokolo), le Président Joseph Kasa-Vubu élève Mobutu au grade de Lieutenant-général, le même grade que le Roi Belge, Beaudoin Ier (qui a d’ailleurs, à cette époque-là, le même âge que Mobutu). Au moment même où Kasa-Vubu élève Mobutu, la décision de le démettre trottine déjà dans la tête de ce dernier. L’on dit même que plusieurs sources avaient mis en garde le Président Kasa-Vubu contre Mobutu, mais Kasa-Vubu ne s’en émouvait pas, préférant leur répondre : “Joseph-Désiré est mon fils”. Le lendemain, ce que tout le monde prédisait arriva : Mobutu destitua le Président Kasa-Vubu et prit le pouvoir qu’il garda pendant 32 ans, jusqu’au 16 mai 1997.
Pour rappel, Joseph-Désiré Mobutu s’était fait enrôler dans la Force Publique en février 1950. Deux ans après, il avait été envoyé à l’école centrale de Luluabourg (Kananga) pour y suivre une formation de secrétaire-comptable. Troisième de sa promotion, il fut affecté, en 1953, à l’Etat-Major de la Force Publique à Kinshasa. C’est là qu’il se fit connaître en écrivant des articles qui paraissaient dans le journal de l’armée “Sango ya bisu”. Le 31 décembre 1956, il quitte momentanément l’armée pour se consacrer entièrement à la presse (d’abord stagiaire à l’Office de l’Information et des Relations Publiques pour le Congo belge et le Rwanda-Urundi, ensuite à la Maison de la Presse de Bruxelles). En juin 1960, Patrice Lumumba le nomme Secrétaire d’Etat à la Présidence du Conseil chargé des questions politiques et administratives, avant de le persuader à réintégrer l’armée (lors de la mutinerie de la Force Publique de juillet 1960), en lui confiant la mission de pacifier les esprits dans les camps militaires. C’est là qu’il fut nommé Chef d’Etat-Major de l’armée avec grade de Colonel. Mais en septembre de la même année, la guéguerre entre Lumumba et Kasa Vubu l’obligea à neutraliser les deux hommes, à mettre en place une équipe de jeunes technocrates (le Collège des Commissaires Généraux) et à réorganiser l’armée à partir des factions dissidentes de la Force Publique. C’est aussi à ce moment-là qu’il fut élevé (en janvier 1961) au grade de Général Major, avant de se voir nommer Lieutenant-général ce 23 novembre 1965, puis Maréchal en décembre 1982.
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