Le 31 octobre 1517, Martin Luther émet ses 95 thèses.

Le matin de ce jour-là, Martin Luther affiche, sur la porte de l’église de Wittenberg (Saxe), 95 thèses (sous le titre original “Martini Lutheri disputatio pro declaratione virtutis indulgentiarum”) dans lesquelles il dénonce les scandales de l’Église de son temps. La date n’a pas été choisie au hasard : le 31 octobre était la veille de la Toussaint ; le vaste public devant venir le lendemain pour vénérer les reliques et diminuer son temps à passer au purgatoire était pour Luther la garantie d’une diffusion maximale de ses idées. Sans s’en douter, Martin Luther jette ainsi les bases d’une nouvelle confession chrétienne, le protestantisme.
Le premier des scandales que dénonce Luther dans ses 95 thèses est l’abus qui est fait des indulgences. Il s’agit des aumônes que le clergé récolte contre la promesse d’un allègement des peines qui attendent les pécheurs au Purgatoire, antichambre du Paradis. Depuis le IXe siècle, l’Église catholique enseignait que la peine temporelle pour les péchés déjà pardonnés pouvait être remise par une sorte d’amende (au terme d’un pèlerinage, par exemple). Mais à partir du XIIIe siècle, cette pratique connaît une lente dérive, car les indulgences en viennent à relever le pécheur non seulement de la peine, mais aussi de la contrition et de la prière. En 1476, le pape Sixte IV décrète que les indulgences peuvent aussi s’acheter pour réduire le temps de purgatoire. Et en 1507, son successeur, Jules II, qui a besoin d’argent pour financer la reconstruction de la basilique Saint-Pierre, les fait vendre par ses légats. “Pourquoi le Pape n’édifie-t-il pas la basilique de Saint-Pierre de ses propres deniers, plutôt qu’avec l’argent des pauvres fidèles, puisque ses richesses sont aujourd’hui plus grandes que celles des plus gros richards?”, interroge Luther (Thèse n° 87). Martin Luther déniera ainsi à l’Église le pouvoir d’effacer les peines dans l’au-delà et formule une doctrine de la grâce divine en rupture avec la pratique catholique. Les 95 thèses affichées à Wittenberg ont un profond retentissement en Allemagne. Mais le Saint-Siège et les princes allemands tardent à les condamner. De son côté, Martin Luther ne tarde pas à entrer résolument en dissidence contre Rome qu’il présente comme la “rouge prostituée de Babylone”. Il dénie à l’Église le pouvoir d’effacer les peines dans l’au-delà et formule une doctrine de la grâce divine en rupture avec la pratique catholique. Martin Luther condamnera aussi la fonction cléricale et la vie monastique. Pour lui, des pasteurs mariés suffisent pour guider le peuple dans la lecture des Saintes Écritures. Les idées de Luther se répandent comme une traînée de poudre en Allemagne. Les prêtres se marient, les moines et les religieuses abandonnent leur couvent. C’est le début du protestantisme.
Les 95 thèses peuvent être trouvées ici : http://www.arquebusiers.be/95-theses-Martin-Luther.htm

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