CE JOUR-LA… 11 avril 1991, jour de tous les espoirs au Zaïre : après avoir longtemps résisté, le Président Mobutu signe finalement l’ordonnance convoquant la Conférence nationale qu’exige le noyau dur de l’opposition mené par Etienne Tshisekedi. Elle sera lancée le 7 août 1991.

Mobutu assigna à la Conférence nationale 3 missions : (a) Discuter de toutes les questions d’intérêt national en vue de la démocratisation et des options de la Troisième République, (b) Elaborer un projet de constitution à soumettre au référendum populaire et (c) Elaborer un calendrier électoral.
L’ordonnance stipulait également que la Conférence nationale devait amener le peuple zaïrois à se réconcilier avec lui-même dans la globalité. Pour Mobutu, il fallait éviter qu’elle se transforme inutilement en un tribunal populaire ou en une cour de règlement des comptes.
Le 7 août 1991, le Premier Ministre Isaac Kalonji Mutambayi ouvre la Conférence nationale à laquelle participent quelque 2.800 délégués qui sont des représentants de partis politiques, à raison de 4 par parti, et des représentants d’institutions publiques et de la société civile.
La Conférence institua 23 commissions chargées de diverses questions, dont la rédaction d’une nouvelle constitution. Par ailleurs, deux commissions furent créées, chargées des “affaires délicates” : (a) les assassinats et les viols et (b) les biens acquis irrégulièrement et la corruption.
La Conférence nationale avait fait la relecture de toute l’histoire nationale; diagnostiqué la nature et la cause profonde de la crise zaïroise (absence d’Etat et de démocratie) et balisé l’avenir en mettant en place les fondements d’un Etat de droit démocratique pluraliste, moderne et prospère.
Mais les difficultés n’ont pas tardé à surgir. De graves incidents vont se produire le 16 septembre 1991 entre des membres de l’Union sacrée de l’opposition et les forces de sécurité. La Conférence est suspendue de septembre à novembre 1991 et en janvier 1992.
Le 23 janvier 1992, des militaires opposants à Mobutu envahissent l’Office Zaïrois de Radiodiffusion et Télévision (OZRT) et demandent la reprise des travaux de la Conférence nationale. Deux personnes perdront la vie au cours de ces incidents que le Premier ministre qualifiera de “tentative de coup d’Etat”. Les meneurs seront condamnés à mort par contumace. Puis, en 1992, la population manifestera publiquement son appui à la reprise des travaux de la Conférence nationale : c’est la “Marche des Chrétiens”. La répression du régime Mobutu provoquera de nombreux morts et blessés à travers tout le pays.
Le 6 décembre 1992, la Conférence nationale souveraine achève ses travaux en proposant un calendrier électoral qui devait débuter en janvier 1993 et qui devait s’achever en août 1994 par des élections générales, celle du Président de la République et celles du Parlement. D’autre part, la Conférence nomma 453 membres du Haut Conseil de la République (HCR), devenu par la suite le Parlement de transition. La personne désignée pour assumer la présidence du HCR sera le président même de la Conférence, à savoir l’évêque de Kisangani, Monseigneur Laurent Monsengwo.
Mais le Haut Conseil de la République HCR n’a pas fonctionné longtemps car Mobutu n’était pas d’accord avec les dirigeants de la Conférence. Il convoqua un Conclave, composé de ses partisans, qui devint comme une nouvelle conférence nationale, bien que limitée à des partis de la Mouvance présidentielle.
Le Conclave mit en place un nouveau cadre institutionnel de transition, invalidant les décisions et résolutions de la Conférence nationale souveraine. Le Conclave désigna aussi, par consensus pour assumer la charge de premier ministre, l’ancien opposant Faustin Birindwa. Il y eut alors, au Zaïre, existence à la tête du pays de deux gouvernements inconciliables : (a) le gouvernement de Birindwa (qui occupait les ministères) et (b) celui de Tshisekedi, dépourvu de bureaux et de tout pouvoir, mais qui s’en tenait aux principes arrêtés par la Conférence.
Etienne Tshisekedi demanda l’intervention de l’ONU et de l’OUA. En octobre 1993, un protocole d’accord fut conclu entre les forces du Conclave (conduites par l’ancien Premier ministre Nguz Karl-i-Bond) et l’Union Sacrée de l’Opposition Radicale (USOR), menée par Roger Gisanga A Gidiata. Ce protocole donna naissance à l’Acte constitutionnel de la transition qui fixait les institutions et autorités qui seraient en place pdt la transition : le Président, le Haut Conseil de la République-Parlement de transition (HCR-PT), le gouvernement et les organes judiciaires.
Le 14 juin 1994, le HCR-PT désigna au poste de premier ministre Kengo Wa Dondo. 14 juillet 1994, le Premier Ministre présenta son gouvernement. Aucun membre de l’USORAL ne participait au pouvoir exécutif. Et en octobre 1996, Laurent-Désiré Kabila arriva et balaya tout le monde 8 mois après.
Initialement prévue pour 30 jours, la Conférence nationale s’était étalée sur une année et demi. Elle est restée jusqu’à ce jour la conférence la plus longue et la plus réfléchie de l’Afrique, mais dont les résolutions n’ont jamais été sérieusement appliquées.

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