Ce que je pense… Le “Point de Bascule”

CE QUE JE PENSE…

Mercredi, 22 janvier 2020… Je sors de mon lit et, après ma prière matinale traditionnelle, je consulte mes messages sur WhatsApp et sur Messenger. Sur ce dernier, et comme c’est le cas depuis quelques jours, des dizaines de personnes m’écrivent pour me faire part de leur indignation suite à mes dernières publications sur la question des Banyarwanda et des Banyamulenge en RD Congo.

Chers Compatriotes, nous faisons partie de ce petit groupe de gens qui n’ont ni armes ni fonction politique… mais qui cherchent à contribuer à la conscientisation [et à la moralisation] de la nation Congolaise à travers leur plume. Et comme j’aime le dire, une pensée est comme un train. On ne le [le train] prend pas tous au même moment.

L’agitation de ces derniers jours en RD Congo autour des mots comme “Balkanisation”, “Banyamulenge”, “Rwanda”… m’a fait penser à la notion du “POINT DE BASCULE” (développé par l’auteur-chercher et journaliste Malcom Gladwell) que je voudrai aborder avec vous aujourd’hui. Il est prouvé que la CIA et d’autres grands groupes de pression ont dû l’utiliser, par exemple dans les printemps arabes. Je serai long, mais prenez le temps de me lire jusqu’à la fin.

Le “POINT DE BASCULE” est le point culminant d’une épidémie sociale. L’épidémie sociale est aussi cet engouement qui arrive lorsque, par exemple, une chanson a beaucoup de succès, lorsqu’un politicien a trop de succès d’un coup, lorsque toute une nation se cramponne sur un slogan pendant un temps, etc. En gros, pour diffuser un message (positif ou négatif) dans une ville, dans une cellule des réseaux sociaux, dans une rue, ou encore dans un pays, et pour envisager de le rendre contagieux, point n’est besoin de plusieurs personnes.

Et actuellement, en République démocratique du Congo (et au sein de la diaspora congolaise), il y a le Point de Bascule sur les termes ‘’BALKANISATION’’, ‘’BANYAMULENGE’’. De fois ça part, puis ça revient. Je crains qu’il y ait un groupe malsain derrière ces épidémies, profitant du souci d’éducation au sein de la population congolaise ; permettant ainsi aux gens de se focaliser sur ces mots en oubliant l’essentiel : éducation, économie, bien-être. Le Point de Bascule sur le mot “Rwanda”, par exemple, dure depuis plus de 20 ans, au point où pour le Congolais lambda, dire “Rwanda” dans une phrase le fait sursauter. Et des intellectuels perdent leur esprit critique et leur objectivité dès qu’il s’agit du mot “Rwanda” (ou encore “Banyamulenge”, “Balkanisation”, etc).

Pour Malcom Gladwell (se référant aux diverses recherches en sociologie, psychologie, psychologie sociale, propagande, etc.) ces 3 “personnes” sont : le maven, le groupe des transmetteurs et le groupe des vendeurs. Cela peut se faire naturellement comme intentionnellement par des gens qui pensent derrière (en Occident, ce sont les “Think Tank” qui sont souvent sollicités).  Je pense que sur une période approximative de 7 ans, nous pouvons inverser ces épidémies fondées surtout sur la démocratisation de l’ignorance et la mauvaise foi telles qu’observées actuellement en RD Congo. Il suffit d’abord de se focalise sur 3 “personnes”, et selon la superficie ou le nombre de la population cible, ces profils peuvent doubler ou être convertis en petits groupes.

Ces 15 dernières années, il semble y avoir eu plusieurs MESSAGES : “Kabila Dégage”, “Balkanisation”, “Banyamulenge”, “Rwanda”. Comment ces messages sont-ils devenus des épidémies sociales au point d’atteindre le point culminant (Point de Bascule) au sein de la société Congolaise ? Je soupçonne cette trajectoire :

(a) Le Maven : Honoré NGBANDA et certains de ses partenaires.

Honoré Ngbanda et certains intellectuels qui ont amplifié ces MESSAGES ont l’avantage d’être des gens qui savaient ce qu’ils faisaient (en l’occurrence Honoré Ngbanda qui maîtrise la communication et la fabrication du consentement ou les relations publiques, qu’on appelle propagande. En termes de fabrication du consentement, il a fait ses preuves).

(b) Les Transmetteurs : Quelques personnes dans le rang des combattants, vers 2012.

Ce groupe de transmetteurs était une proie facile car, contrairement à certains groupes des populations, les nôtres [Congolais] sont trop passionnés par rapport à la moyenne. Nous avons beaucoup de difficultés à être objectifs et à penser froidement. Il suffit par exemple de montrer à quelqu’un une photo d’une femme violée avec un bâton d’arbre, ou une personne égorgée, et dire que c’est tel ou tel qui est le criminel, que directement nous seront prêts à tuer père et mère pour accuser l’ennemi qu’on nous a désigné. Et après on ne va plus vouloir penser au-delà de ce qu’on nous a dit. Et les Combattants, ainsi que des gens qu’ils ont influencés, sont passés maîtres dans cet art de croire à tout et son contraire (par exemple, aujourd’hui les gens de l’UDPS ne peuvent plus insulter les rwandais ou les gens du PPRD, ni Kabila… et pourtant hier, ils le faisaient à volonté et étaient passés maîtres en ce sens).

Les combattants ont été d’excellents “Transmetteurs”, car ils ont eu la particularité d’influencer même des gens qui étaient restés en RD Congo. C’est ainsi qu’on retrouve des gens en France (ou en Belgique) n’ayant jamais été à l’est du pays, et ayant quitté le Congo quand ils avaient 15 ou 20 ans, expliquer la guerre à des gens qui ont vécu les guerres dans les Kivu.

(c) Les vendeurs : Des partis d’opposition de l’époque (UDPS, MLC, etc) puis, quelque temps après, l’UNC (mais avec une faible importance car très peu connu dans la diaspora à l’époque).

Durant l’élection de 2006, le Vendeur idéal est Jean-Pierre Bemba, et en 2011 c’est Etienne Tshisekedi. Les partis d’opposition ont donc eu la particularité de convaincre les gens qui n’avaient pas encore adhéré au MESSAGE.

Les effets collatéraux très inédits ne pouvaient être prédits par ces 3 profils que je viens de présenter concernant les messages qu’ils véhiculaient. Les effets collatéraux sont devenus des contre-messages et des absurdités de toute sortes, tant chez des lettrés que des non-lettrés : “TOUS les gens de l’Est sont des rwandais”, “TOUS les généraux sont des rwandais”, “Kagame dirige TOUT au Congo”, “Tous les rwandais sont des criminels sanguinaires”, “Kengo Wa Dondo est rwandais”, “Moïse Katumbi est rwandais”, “le nom Kanambe est d’origine rwandaise”, “Kabila est rwandais”, etc. Quand tu observes bien, tu verras que des gens parlent comme des automates. Ils ne réfléchissent plus à ce qu’ils disent, car le Point de Bascule a été très puissant.

Chers concitoyens, dès que nous sortirons de ce Point de Bascule, nous verrons la différence. Ce sera comme le jour et la nuit. Durant quelques années, nous devons supporter nos bêtises, et durant ces mêmes années, nous devons être déterminés à nous guérir dans la tête (avec tous ceux qui ont conscience du bordel dans lequel nous nous trouvons et que certains prennent plaisir à vouloir perpétuer).

NOUS SOMMES UN PETIT NOMBRE… mais ç’a toujours été ainsi.

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